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mercredi 9 janvier 2013

Patagonie Atlantique du 21 novembre au 10 décembre

Les « routes secondaires » et le ripio, on adore ; c'est reparti.On évite la ville de Trelew et arrêt à playa Escondida. Après une piste un peu pentue, on se retrouve sur une grande plage isolée envahie d'éléphants de mer. On est tellement bien qu'on passe deux jours sur place. On en profite pour un nettoyage de Ratatouille. La poussière s'infiltre partout avec les pistes et les allergies deviennent gênantes à la longue. On a le stock de mouchoirs à portée de main quand on roule. On prend aussi le temps de cuisiner : crêpes party ! Avec Léonis à la pâte. On sort les cerfs-volants. Mais, le vent patagonien est impressionnant. L'un des cerfs-volants casse et on a juste le temps de le voir voler puis plonger dans l'océan. Léonis reste inconsolable. Il sera plusieurs jours à pleurer en regardant la mer. Grâce à cette mésaventure, il retiendra une couleur de plus, le rouge, celle de son regretté cerf-volant.
 
 
 
Les plages de bout du monde nous plaisent. Alors on continue, direction Camarones et Cabo Dos Bahias. En chemin, le temps change. Le vent et la pluie arrivent assez soudainement. La température extérieure passe de 18°C à 6°C en moins de 2h. On appréhende la sortie du camping car. Finalement, on récupère tout aussi rapidement quelques degrés dés que la pluie s'arrête.On croise les Hédonistes et les Mêmepascap qui en reviennent ; ils sont enchantés. Timéo pleure à l'arrière. Il pensait retrouver Charles. Camarones est un petit village de pêcheurs à près de 80km de la RN 3 (la route principale), avec absolument rien autour (hormis les Malvinas à quelques centaines de kilomètres et qui sont argentines bien sûr). On fait rapidement le tour des habitations. Et surtout, on trouve des couches pour Léonis. Dans notre euphorie de grands paysages on avait oublié ce détail. Léonis a lui résisté au stress de la pénurie et c'est avec une parfaite sérénité qu'il a entrepris de pas progresser vers la propreté. Première soirée sur une plage désertique à la sortie du village, playa de Elola. Asado obligatoire.
Après un rapide désensablement, même le camping-car ne voulait pas quitter la plage, nous rejoignons Cabo Dos Bahias, une réserve naturelle isolée près de Camarones. Nous retrouvons une gigantesque colonie de pingouins de Magellan. Et, par chance, nous arrivons à la saison des naissances. On voit des œufs et plein de poussins. Le paysage est également spectaculaire. Entre deux sorties d'observation on déguste quelques délicieuses cerises de novembre.




Le soir, on se pose sur une plage, apparemment face à la maison (ou ex-maison? les lecteurs de Voici nous le dirons) de Florent Pagny. On adore le lieu. On reste deux jours. Détente pour les parents et cuisine pour les enfants. Ils inventent des plats extraordinaires avec des cailloux, du sable et des bâtons. Quelle imagination !Pendant ce temps, les sternes multiplient les piqués pour pêcher, rejointes par les manchots et les cormorans. Et la nuit est calme, ni vent ni même un « vous n'aurez pas ma liberté de penser ». Sur le chemin du retour, on prend en stop Mario qui travaille pour une coopérative regroupant les terres d'estancias (ranch) longue de 120km et large de 70km et rassemblant 70 000 moutons, tous destinés à fournir Benetton.


Un peu de route pour rejoindre Comodoro Rivadavia (la grande ville) et bivouaquer juste après sur Rada Tilly (la petite station balnéaire attenante). Le bivouac est purement stratégique. On veut changer les pneus, aller chez le coiffeur, faire le plein d'eaudieselnourriture, accéder à internet et au passage fêter mon anniversaire. A quelques kilomètres de la fin d'étape, un étrange frottement se fait entendre à l'arrière. On se rassure : « çà doit être la voiture qui nous a doublés ». Nouveau bruit. Arrêt en bord de route. Vérification sous le véhicule. Rien. Le bruit se poursuit et nous plonge pour les dernières minutes du parcours dans une réflexion sur les causes et conséquences d'un « frrr » en mécanique automobile. Face à la plage, on tente d'oublier la journée pénible qui s'annonce le lendemain. Heureusement aucun cauchemar mécanique ne viendra troubler notre sommeil. Ce dernier ne sera pas non plus au rendez-vous. Un vent violent s'abat en rafales toute la nuit et la matinée sur le camping car faisant claquer les lanterneaux, siffler les parois et tanguer notre maison sur pneumatiques. Léonis, le roi des réveils nocturnes, dormira comme un loir. C'est donc un peu fatigués que je fêterai mon anniversaire. Pour l'occasion, j'ai le droit à la visite de trois garages, à un déjeuner dans la zone industrielle et pour démarrer, à un tour à la laverie et au supermarché. Le soir, soulagée d'avoir pu changer les pneus je souffle mes bougies, un verre de Champagne argentin à la main, digne d'un cru français. On ne finira pas la bouteille, il faut mettre le réveil à sonner pour le lendemain afin d'être à l'heure (8h30) chez « l’empereur du frein ».

Après un petit déjeuner devant chez son excellence freinesque, ce dernier démonte nos roues arrières remet tout dans le bon ordre et supprime le « frrr » (pour les férus de mécanique, le bruit était du à la molette de réglage qui s'était décrochée). ça y est ! Des pneus neufs, des freins définitivement réparés, nous voilà fin prêt pour affronter les pentes des Andes. Mais le calendrier du frigo nous rappelle à l'ordre. Il devient urgent pour le Père Noël de faire ses emplettes. Nous nous lançons donc courageusement dans le seul bouchon de toute la patagonie pour atteindre une heure plus tard deux supermarchés pour riches (Comodoro Rivadavia est une ville pétrolière qui accueille de nombreux expatriés) The Mall et Carrefour, dans l'espoir d'y dénicher des playmobils. Deux magasins qui se révèlent en cours de construction. Que les lutins de Noël se rassurent, nous trouverons notre bonheur dans un magasin du centre. Pour se relaxer et faire taire les discussions sur nos look capillaires nous passons tous entre les mains des coiffeuses locales qui se révèlent également expertes en trépanation à coups de peigne dans le cuir chevelu. C'est avec des cheveux en moins et des irritations en plus que nous rendons visite à la colonie de lions de mer qui a élue domicile au pied de la falaise voisine : Punta Marquès. Malheureusement à marée haute ils sont tous dans l'eau. Du haut, on ne voit pas grand chose sans les jumelles réquisitionnées par Léonis, comme d'habitude. On passera plus de temps à discuter des habitudes des lions de mer et de lieux à visiter avec les guardaparques qu'à regarder les animaux.


Après une étape en ville, on a toujours besoin de s'isoler un peu et les enfants de se défouler. On ne roule alors que très peu jusqu'à Caleta Olivia. En chemin on déjeune sur la plage, mais dans le camping-car (à cause du vent) fiers d'avoir désensablé un couple argentin quelques minutes plus tôt. Nous ne serons ainsi pas les premiers bénéficiaires de notre corde de traction. A la sortie de Caleta Olivia, une colonie de lions de mer nous attend. Le lieu n'est pas de toute beauté. Une sorte d'aire de repos sauvage accueille les routiers et les touristes D'un côté la mer et les lions de mer et de l'autre des puits de pétrole et le désert. Mais l'avantage, il n'y a pas de barrière ou de falaise. On pourrait presque toucher les lions de mer. (nous n'avons pas essayé.) Et on est tranquille ; les enfants peuvent courir, faire du vélo... A la différence de leur cousin les éléphants de mer, les lions sont plus actifs et donc plus intéressants à observer, même si ils ont troqué les yeux expressifs de ceux-ci contre une odeur à faire fuir le plus affamé des chasseurs.






L'étape suivante est un petit coin de paradis. La ville de Puerto Deseado est assez agréable avec tous les services. On s'arrête près de Darwin expedicion, une agence qui propose des sorties en mer. On se décide finalement pour la sortie sur l'isla Pinguina (merci mamie Chantal). Et on ne le regrettera pas. Léonis est prêt très rapidement le matin lorsqu'on lui dit qu'on va prendre le bateau ; et pour une fois Timéo aussi. La traversée en bateau dure une bonne heure. L'île est à 30km en mer. A l'aller, une mer d''huile. Nous apercevons des pingouins de Magellan et des lions de mer avant d'arriver sur l'île, envahie de pingouins. Mais le clou du spectacle se trouve de l'autre côté de notre lieu de débarquement, une colonie de gorfous sauteurs. On reste un bon moment à les admirer avec un verre de maté. On les voit couver, sauter, plonger, nager...Il faut finalement repartir. Une colonie de lions de mer est également visible, au péril de notre vie. Il faut traverser un champ surveillé par des sortes de goélands (des eskuas) très irrités qui nous foncent clairement dessus. En fait, ils font leur nid à même le sol (il n'y a pas d'arbre sur l'île) et c'est la saison des naissances. Ils n'apprécient donc pas du tout notre passage. Je reçois donc un bon coup derrière la tête et Corentin un coup d'aile sur la joue qui lui fera mal un moment. On poursuit la ballade les mains en l'air pour les effrayer. L'aventure, c'est pas toujours de tout repos ! Pendant le pique nique le vent se lève. La traversée se fait sur une mer nettement plus agitée. Léonis est aux anges. Timéo est moins rassuré. Avant d'arriver dans la ria nous croisons des toninas (dauphins de Commerson). Ils nagent près du zodiac. On s'arrête. Encore un moment magique. Le retour est plus difficile. Léonis ne veut plus enlever son gilet de sauvetage et il tente de s'embarquer comme passager clandestin dans le zodiac.





On quitte donc l'isla pinguina à regret. Mais à la sortie de la ville, la ria Deseado est un bonheur pour les yeux. On passera 3 jours fabuleux, dans un paysage enchanteur. Le vent et la pluie ne nous délogeront pas facilement. C'est un ancien cours d'eau qui a cédé la place à la mer sur près de 42km. Côté océan, des îles avec manchots, cormorans, et côté terre des canyons. Il y a quelques montées et descentes spectaculaires pour Ratatouille mais on fera le circuit complet jusqu'au canadon del puerto. Ce sera aussi l'occasion d'admirer la persévérance des argentins à faire l'Asado le week-end même par vent de tempête. Et tant mieux pour nous si ce dernier est suffisamment violent pour couvrir le son du groupe électrogène installé à côté de nous pour mieux voir les steaks griller. « Celui qui dit qu'il y a du vent à Boulogne-sur-Mer n'a jamais mis les pieds en Patagonie » (Bruce Chatwin). On y appréciera une nouvelle fois le yoyo du thermomètre. Un jour tee-shirt / shirt et le lendemain combinaison de ski.
Toujours dans l'extraordinaire, on rallonge un peu notre itinéraire pour les bosques petrificados (forêts pétrifiées). On se croirait dans un film de science fiction. Ce sont les vestiges d'anciennes forêts qui recouvraient la région au jurassique. Les volcans suivis de la glaciation transformèrent le paysage. Les cendres ensevelirent les arbres. L'eau, avec les sels minéraux cristallisa le tout. Et en se décomposant, la matière organique laissa des répliques à l'identique de ces arbres, en pierre. Le résultat est impressionnant de réalisme. On a vue sur le volcan Madre e Hija qui est à l'origine de ces transformations pendant la petite randonnée. Timéo est excité, depuis le temps qu'il nous parle de volcans. Mais, il espérait peut être le voir en activité. Depuis, nous avons un magnifique dessin de la forêt pétrifiée dans le camping car.

La descente continue. A 30km avant Puerto San Julian, on s'engouffre sur une piste, le circuito costero. On s'arrête en haut d'une falaise. On est seuls ou presque. Un photographe semble apprécier autant le paysage que nous. Quand il retourne à sa voiture, il s'arrête à notre hauteur. Il s'agit du conducteur du bateau de l'île aux Pingouins ! Les lions de mer en contrebas et les cormorans de Gaimard, encore un spectacle enchanteur. Le circuit est vraiment de toute beauté (presque aussi beau que la ria Deseado). Du coup, on reste ! On élit domicile sur une plage couverte de salicornes et faisant face au balet des manchots.




On se décide pour la reserva natural de San Julian, qu'on aperçoit en face de notre bivouac. Finalement, on est déçu. Il y a énormément de vent et la route est finalement longue jusqu'à la pointe. On a juste l'impression d'être dans un nuage de poussière pendant plusieurs heures. Très long, très fatigant. Bon, à l'arrivée, côté Atlantique, on verra quand même des dauphins ! Finalement après un passage éclair sur Puerto San Julian (pour repérer où on peut avoir du wifi), on retourne sur notre petite plage.


Dernier bivouac sur la côte : Parque Nacional Monte Leon. On traverse d'abord Comandante Luis Piedra Buena. Nous hésitons pour nous arrêter. L'isla Pavon, au milieu de l'embouchure du rio Santa Cruz, semble bien reposante. Finalement, nous poussons jusqu'au parc. Les gardes commencent par nous dire que l'entrée est fermée car il a plu. On se propose de dormir devant l'entrée du parc avec un autre camping car. Finalement, la route est praticable et les paysages stupéfiants. Nous croisons des guanacos sur la piste jusqu'au littoral. Le camping (obligatoire) est très sommaire : seulement des toilettes. Mais tout est très propre et les propriétaires sont charmants (presque autant que la note). Et la vue.... Au coucher du soleil la montagne devient jaune puis rouge ; le ciel rose.
Une bonne nuit de sommeil avant la visite du parc. D'abord la plage du camping, l'îlot envahi de cormorans, la colonie de lions de mer et la pinguinera. Les enfants font toute la randonnée au pas de course à l'aller. Il y a des panneaux indiquant la présence de pumas, ça les motive. Mais les tâches jaunes et bleues des coupe-vent des enfants se voient de loin et pour les pumas aveugles, il y a les chants de Noël ! Par contre, en arrivant devant les manchots, Léonis n'en peut plus. Il faut dire qu'il a passé une heure dans son lit à chanter pendant la sieste. Il pleure. Il ne veut rien voir. Bon, ben, on repart, alors. 


Dernière nuit côté Atlantique, en bord de ruta 3, avant la traversée par la ruta 9, 200km de piste, (Je vous ai dit qu'on aimait ça) pour la Cordillère des Andes.